Tu seras un homme, cher personnage (2024)

A l’heure où j’écris ces premiers mots, la première partie de la saison 3 de la Chronique des Bridgerton vient de sortir sur Netflix et c’est avec la délicieuse playlist de cette moitié croustillante que je viens étaler des pensées que je travaille depuis des semaines. Même depuis beaucoup plus longtemps si on doit se lancer dans la rétrospective. L’engouement pour la série Netflix que je ne présente plus questionne de par ces thématiques et ses traitements, avec une diversité plaisante, juste, bien amenée, des réflexions sur le consentement (on a tou.te.s cringé dans la saison 1), et surtout des personnages masculins qui, même s’ils souffrent de gros défauts étant donnée la société dans laquelle ils évoluent, sont loin de nous laisser insensibles. Je vous vois, mesdames. Je suis de votre clan.

De par mes projets actuels et toutes les lectures non-fictionnelles que j’engrange, j’en suis venue à me questionner sur mon positionnement, et surtout sur l’évolution de ma pensée, quant à mes protagonistes masculins et de la manière avec laquelle j’exploite justement leur masculinité. Pas forcément en opposition à la féminité de leurs hom*ologues, mais plutôt concernant leur construction propre et ce que ça en dit des représentations de hommes, en particulier des hommes jeunes (entre 15 et 25 ans), dans un monde en pleine mutation sociale et économique.

Avant d’embrayer dans le vif du sujet, un bref rappel sur ma personne ! Je suis Ielenna, je préfère me croire plus proche de la vingtaine que de la quarantaine. J’écris depuis presque vingt ans, dans les genres de l’imaginaire, et il est vrai que mes personnages approchent une moyenne d’âge de 17-18 ans (sachant que les personnages de LMA faussent la donne ; je vous expliquerai en temps voulu plus tard !)

Vous êtes désormais 184 abonné.e.s à désirer continuer de vous suriner avec mes blablas instruire et vous distraire avec mon expérience personnelle, après deux premières lettres qui concernaient mon rapport aux réseaux sociaux et aux événements littéraires.

Ici, c’est le temple des millenials, des désillusions, des choses qui ne faudraient pas dire mais on-le-dira-quand-même, des gifs à la qualité discutable et des sur-interprétations anxieuses, because I’m an anxious bitch. Si vous êtes l’un.e de mes semblables, prenez un coussin, votre pilou-pilou, un thé, un caillou anti-stress, de quoi stimmer, votre animal fluffy préféré, on va faire chauffer nos méninges ensemble.

Tu seras un homme, cher personnage (1)

Vu le genre de sujet que je m’apprête à ouvrir, faisons quelques rappels utiles avant la sortie des catapultes (mon modèle préféré, c’est le couillard. Il porte bien son nom, surtout étant donné le sujet du jour). Je n’exposerai dans cette lettre que mon opinion personnelle. Elle peut être sujet à débat dans le cadre d’un respect mutuel. Il ne s’agit en aucun cas d’une vérité absolu ou d’un pamphlet anti-homme ; au contraire, peut-être plus d’une lettre d’amour à l’égard de leurs non-dits. Cela pourra inclure des prises de position pouvant être associées à de la politique, mais je considère que l’écriture est politique et que chaque histoire est le reflet d’un courant de pensées vis-à-vis des messages que l’on cherche à faire passer. Dans tous les cas, je ne suis pas une figure neutre.

Ici, je parlerai de femmes/hommes comme structures genrées socialement construites. Je ne creuserai pas les sujets de la transidentité et de la non-binarité, car si on incluait ce chevauchement, cette lettre serait le prologue d’un essai bien plus conséquent. Je pense qu’il serait plus juste d’y consacrer une lettre entière. Mais ici, dans la problématique du jour, nous resterons tristement binaires, avec un spectre majoritaire hétéro. Sorry my dear enbys.

Autre avertissem*nt : c’est un crash-test sur cette lettre, mais nous allons pratiquer ensemble l’analyse de passages, de personnages. Cela peut potentiellement vous spoiler. Cependant, il ne s’agira en aucun cas de divulgâchages (que c’est laid ; j’ai l’impression de cracher mon âme en prononçant ce mot) majeurs ou risquant d’atténuer votre expérience de lecture. Au contraire. Je pense que cela ajoute une deuxième grille, une couche supplémentaire de lecture derrière le texte brut, aussi délicieux qu’une tranche de cheddar sur mon chili con carne (mon homme ne comprend toujours pas pourquoi, mais c’est ma tuerie. Et la tuerie aussi pour mes artères). Car je vais vous présenter les coulisses, vous expliquer les ficelles, rajouter du “tell” dans le “show”.

Si vous avez lu mes oeuvres, cela vous donnera des outils complémentaires pour comprendre les facettes des personnages ; si vous ne les avez pas lu.e.s, j’espère que cette lettre vous donnera envie de les découvrir !

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Je suis une autrice convaincue donc que nos personnages reflètent nos valeurs et nos évolutions. Par le biais des dilemmes moraux, des thématiques traitées, des dénonciations, nous exprimons nos valeurs profondes pour les retranscrire au sein d’un scénario imaginaire, dans un monde construit sur des valeurs sociales bien définies, avec des personnes qui le servent ou qui s’y opposent, les modelant à notre guise. Aussi, il est important que nous nous mettions d’accord sur qui je suis, sur mes principes, mes biais.

Je suis une femme blanche cis, en surpoids, globalement valide, ayant grandi dans un milieu aisé avec un fond de pratique catholique, mais avec une éducation non-genrée. Même si j’admets des attirances pour certaines femmes et qu’il m’arrive de jouer délibérément des romances lesbiennes dans les jeux vidéos, je me définis comme hétérosexuelle et ai exclusivement relationné avec des hommes cis. Je fais de temps en temps des points sur moi-même, parce qu’il est sain de se questionner sur notre identité et si elle nous rend heureux.se, si on est en accord avec. Conclusion de ma dernière mise à jour (Windows Ielenna, à votre service), je suis une autrice avec comme pronoms she/her et j’aime les hommes (but… not all men, ahah).

Depuis quelques années, je consomme de plus en plus de contenus non-fictionnels à propos des féminismes (et de manière plus large à la déconstruction des relations sous le prisme romantique hétéro exclusif familial traditionnel ; j’ai poussé trop loin ?). Et oui, vous m’entendrez utiliser ce mot volontairement au pluriel, car j’estime qu’il existe plusieurs courants, que tout n’est pas bon à prendre partout. Personnellement, je m’accorde avec des féminismes pluriels et surtout intersectionnels, car la lutte du féminisme s’inscrit dans une lutte contre une forme de domination plus globale, incluant le colonialisme, le validisme, l’hom*ophobie, la transphobie, le racisme, le classisme, la grossophobie… bref, tout le système de société en carcans qui n’accepte aucune différence, aucun écart par rapport à son témoin de base, celui au sommet de ce système mal branlé, c’est-à-dire l’homme blanc cis-het aisé valide et généralement de plus de 50 ans (sorry if you are one of them).

Il m’a fallu quelque temps pour m’exprimer en tant que féministe et disons que je suis plus prompte à le montrer par des actions que via des pamphlets. Because de base, j’aime pas parler. Même sur mes sujets d’expertise. C’est un moyen de me faire balbutier à coup sûr et j’ose espérer être à table, juste pour réclamer le sel ou demander à être resservie en poulet-frites, histoire de faire distraction. J’ai commencé à rentrer beaucoup plus dedans, ou du moins de manière consciente, vers 2016-2017, avec des contacts avec certains courants féministes plus radicaux. Dans un premier temps, sans exprimer mon désaccord, je m’y suis opposée à défaut de m’y reconnaître. J’ai compris bien plus tard où résidait le souci de la mésentente : la haine des hommes.

J’entends. Je comprends. Et je n’en voudrais jamais à mes soeurs qui détestent les hommes, qui ont opté pour la misandrie, pour des questions personnelles, de vécu.s, de principes. Je suis d’accord avec leurs arguments, de leurs points de vue. Me concernant, je ne pourrai pas détester les hommes. Je déteste le patriarcat. Je déteste la masculinité idéalisée, la virilité excessive, possessive et dominatrice, telle qu’elle est présentée par certains médias et influenceurs ; j’aime les hommes dans leur matière première, comme des golems de glaise, en espérant que la société ne les modèlera pas à coups d’injonctions. Mais je n’ai aucune raison de détester les individus qui m’entourent et qui participent à ma vie à partir du moment où ils n’ont pas de comportement sexiste, n’ont pas commis de crime ou de délit, ou qu’ils ne m’aient fait de crasse (mais cela vaut pour les femmes aussi).

Dans l’enfance et dans les prémices de mon adolescence, j’ai évolué dans des cercles amicaux principalement masculins, quitte à n’être que l’unique maillon féminin (avec mes cheveux courts et ma voix grave qui me valaient d’être genrée au masculin par la moitié des vendeureuses dans les magasins). Il y a eu un moment de passage à vide entre la 6ème et la 3ème, puisque “j’étais une fille” (mais on est tous “cons” à cet âge, et pas exclusivement les mecs) et donc rejetée par les cercles masculins, et il a fallu attendre la fin du collège pour que j’intègre des groupes mixtes, généralement 50/50 entre filles et garçons. De ce fait, il m’est impossible d’exclure par principe la moitié de mon cercle, parce que “les hommes, ça pue”. Selon moi, il est bien plus intéressant de les sensibiliser à tous ces sujets et d’en faire des alliés dans cette lutte, quelle que soit leur orientation sexuelle, leur bain social et culturel. Même si, je le répète, je comprends totalement mes sœurs qui ne se sentiraient pas en sécurité et qui préfèrent évoluer en non-mixité ; à mon échelle purement personnelle, je n’ai fondamentalement aucune raison de les mettre à l’écart.

Et il en va de même pour mes écrits.

Enfin, pour terminer dans mes biais et ma personnalité, contrairement à Andrea qui est INFP sur son MBTI, je suis une bonne INFJ des familles. Ce qui signifie que je juge. Yup. J’essaierai d’apporter évidemment de la nuance, mais ne prenez pas non plus comme argent comptant tout ce que je vous dirai dans cette lettre.

Ceci dit, C’EST PARTI ! START YOU ENGINES !

Tu seras un homme, cher personnage (2)

Dans les années 90-2000, avec l’émergence des lectures grand public jeunesse, nous avons surtout vu popper par défaut des personnages adolescents masculins blancs plein de qualités (élus courageux, rusés, drôles, intelligents), finalement assez mainstream, sans questionner la représentation par rapport au public. Les jeunes filles se reconnaîtraient dedans, point barre, elles n’auraient pas le choix, de toute façon, elles étaient habituées à ça. Quelques figures, comme Lyra Bellaqua, ont su se détacher du lot, puis se sont engouffrées dans la brèche des personnages comme Ewilan, Ellana, Katniss… Elles ont ouvert le bal des héroïnes badass.

Ensuite, dans les années 2010, ont fleuri des sagas d’urban fantasy, mettant en scène des protagonistes féminines à la fois indépendantes, maîtresses de leurs corps, libérées, opposées (ou alliées ? HMHM) à des vampires ou des loups-garoux uber-sexy. Et puis, à partir de 2017-2018 est arrivée la vague de la romantasy qui nous submerge aujourd’hui.

Depuis, on voit défiler des héroïnes toujours plus badass. Des portraits de femmes fortes, qui ne se laissent pas marcher sur les pieds en dépit de leur genre/origine/handicap/destinée de base. Pourquoi pas. C’est un bon début. Y aurait de quoi en dire, mais je me réserve ça pour une future lettre sur les féminités. Mais si en face, on garde des personnages masculins, dégoulinants de machisme, insérés si profondément dans leur schéma patriarcal qu’ils ont fusionné avec leur plancha et leur barbecue, bons à délivrer des punchlines cyniquo-séduisantes et à ne devenir que des sex-symbol qui grognent, groupes de dark Sasuke au passé obscur qui justifie leur manque de communication ou extravertis dragueurs et forceurs, en fait… on ne réalise que la moitié du travail. On ne déconstruit rien. On ne remet pas en cause le patriarcat dans son essence première. C’est-à-dire des hommes qui le composent, qui jouent sur tous ses registres, sans jamais reconnaître en cause les fondements problématiques de ce schéma sociétal.

Pourquoi voudrait-on que ces héroïnes qui ont tout pour prendre en main leur destinée finissent dans les bras de pur produit mâle alpha ? Pourquoi devraient-elles vivre sous le prisme de “I can save him”, convaincue que leur don d’infirmière à toute épreuve et leur amour sans borne parviendra à les délivrer de leurs traumatismes, à défaut de leur donner des coups de pieds au cul pour qu’ils aillent voir un psy ? Des femmes qui devraient abandonner leur pouvoir, leurs ambitions, pour les beaux yeux d’un pauvre mec incapable de la moindre flexibilité mentale et de se remettre en question ? Et qui passent leur temps à les gaslighter ? A les mettre de côté, car les considèrent comme des “petites choses fragiles” bonnes qu’à se faire sauver ?

Quelle image cela donne-t-elle des hommes ? Que pour être désiré.s par des femmes, il faudrait, une fois encore, suivre un modèle toujours plus inaccessible ? Et de montrer aux femmes que, s’il y a une diversité émergeante chez leurs consœurs au sein de la littérature, les hommes sont généralement enfermés dans les mêmes modèles, emprisonnés dans leurs injonctions ? Qu’elles ne peuvent prétendre à rien d’autre ?

Evidemment, je modélise ici une généralisation extrêmement grossière. Et surtout dirigée contre un type assez précis de protagonistes masculins problématiques (on a par exemple aussi les “ouin-ouin”, qui sont problématiques, mais eux, on les repère plus facilement, et disons qu’ils ne sont pas livrés comme des bookboyfriends idéaux). Mais je suis FATIGUEE (et je pense que ça se ressent !). De voir des représentations, des fan-arts, se résumant à des mecs bien gaulés, le teint hâlé (mais pas trop), un peu bad-boy, mais avec des secrets, virils mais avec une passion inavouée, un dieu de l’édredon, un bully pardonnable, le tout résumé avec des abdos.

Tu seras un homme, cher personnage (3)

Pendant des décennies, on a eu le droit à nos bonniches dégoulinantes de male gaze et décrites dans le seul intérêt de souligner le galbe de leurs boobs, des personnages relégués au dernier rang, parce que vraiment, une femme dans un vaisseau spatial ?! ; peut-on essayer de faire des efforts des deux côtés désormais, ou ça serait trop demander ? Nous avons dénoncé ce male gaze qui objectifiait les personnages féminins et les réduisaient à un rôle ridiculement inutile, ou servait de “femme dans le frigo”, dans le seul but de faire avancer l’intrigue du protagoniste principal. Et j’ai parfois l’impression (ceci n’étant qu’une impression, je parle là sans preuve aucune, sans source) que la féminisation du lectorat et l’expansion de certains genres de la littérature nous a amené à changer la tendance, en reprenant pourtant des codes similaires (les mecs bien gaulés, réduits à un rôle de love interest, des don juan objectifiés, qui foncent tête baissée sans prendre en compte les risques, volontiers violents, et n’apportant dans leur intrigue qu’une avancée pour la protagoniste sans avoir d’enjeux propres, qui ne découleraient pas d’une envie de rétablir une forme de domination (une vengeance, gagner du pouvoir, reprendre un trône, etc.))

On entre parfois dans le domaine du fantasme, tout simplement. Imaginons un instant des étagères de librairie avec des couvertures de décolletés de femmes à hauteur de nez, des personnages féminins qui répondent à un archétype de beauté sexy, de terrain de conquête, d’objectif de romance à atteindre, des classem*nts des meilleurs “bookgirlfriends”, des personnages qui n’ont comme profondeur que celle de leur… JE VAIS M’ARRÊTER LA. Oui, ça pourrait exister, quand on voit les classem*nts de personnages de jeux vidéos les plus “baisables” sur certains forums. Ca choque. C’est réducteur. Pourquoi n’en serait-il pas de même à l’inverse ? Les images colportées dans les médias, que ce soit livres, films, jeux vidéos, etc., conditionnent nos rapports aux genres dans la vie réelle. Je sais que je m’arrête là qu’aux critères purement physiques ou comportementaux, sans prendre en compte l’émotion et la romance potentielle dont les ficelles peuvent faire chavirer les coeurs ; cela n’enlève rien à la récurrence des autres éléments qui offrent finalement des représentations très étriquées dans un moule qui laisse peu de place au changement.

J’ai envie d’offrir aux lecteurices, jeunes de surcroît puisque mes oeuvres sont destinées à la jeunesse en majorité, des modèles divers. Des personnages, féminins comme masculins, imparfaits. Qui font des erreurs. Qui se remettent en question, qui évoluent. Connectés à leurs émotions, aux gens qui les entourent. Et surtout, qui remettent en cause la société qui essaient de les façonner. Et cela comprend les injonctions à la masculinité.

Je n’ai aucun souci à dire devant une série qu’un personnage est méga-sexy (homme ou femme, d’ailleurs). Ne me mettez pas devant Jensen Akles, Idriss Elba ou Kathryn Winnick, ça rend mon fiancé jaloux. Mais je suis surtout heureuse de la multiplicité des personnalités, de la complexité de leur scénario, et non pas des étalages de brochettes pour choisir lequel sera le plus hot. J’attends d’une histoire qu’elle me délivre une variété, et c’est là, je pense, que repose le nerf de la guerre. (et d’ailleurs, là-dessus, je relance, je prêche pour ma paroisse, mais jouez à Baldur’s Gate 3. Vraiment. Des personnages masculins complexes et ow gosh).

Au même titre que la Dark Romance ou même certains p*rnos licites qui peuvent mettre en scène des comportements dégradants à l’égard de la gent féminine, il n’y a pas d’inconvénient quand on consomme ces lectures en étant adulte et/ou déconstruit.e.s, cela peut être une excellente source de divertissem*nt ou d’évasion (perso, c’est pas du tout mon kiff). Là où le piège réside, c’est dans la multiplication, voire l’omniprésence ou l’uniformisation des modèles, qui offrent des représentations qui varient peu du “mâle témoin”, des comportements problématiques intégrés comme normaux voire socialement encouragés, et qu’on les délivre comme une normativité répétée auprès des publics plus jeunes. On se plaît à créer autour de ces personnages des schémas relationnels variés, des tropes qui attirent (le célèbre enemies to lovers, slow burn, fake dating, she fell first/he fell harder, etc. voire le harem inversé), mais on reste sur une base assez basique dans sa construction-même, de sorte que le mec soit uni-dimensionnel, un panneau 2D sexy grandeur nature qui se contente de parler. Et de grogner. C’est important de grogner. Mais surtout de reproduire les mêmes schémas que les prédécesseurs sans que cela soit questionné.

Quand on sait que le sexisme monte de plus en plus chez les jeunes, avec des chiffres alarmants (un quart des 25-34 ans pensent qu’il faut parfois user de violence pour se faire respecter ; 64% pensent qu’il faut imiter des comportements misogynes violents vus dans des contenus p*rnographiques ; 20% estiment qu’une femme agressée est responsable), avec une montée inquiétante des mouvements extrêmes voire sectaires masculinistes qui recrutent de plus en plus de membres, de plus en plus jeunes), dans un monde où la masculinité a un coût, humain comme financier (les hommes représentent 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels, 90 % des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles, etc. Pour la bagatelle de dizaines de milliards d’euros en services de police, judiciaires, médicaux et éducatifs) ; quand on voit la montée en puissance des courants masculinistes qui visent des jeunes hommes manquant de confiance (reportage atterrant de FranceTV Slash à regarder de toute urgence) ; oui, il devient urgent de redéfinir ensemble les masculinités et d’offrir des refuges sécurisés pour les ados, des espaces imaginaires et émotionnels qui leur sont dédiés, avec des modèles sains. Pas soumis à des injonctions, pas objectifiés : des jeunes hommes avec des vécus, des questionnements d’êtres humains. Tout simplement. Bordel.

Quand on écoute certains de ces jeunes, qui se disent “moi aussi, j’aimerais être musclé / fort / respecté / autoritaire”, parce que selon ces modèles, selon les dires, c’est ce qui marche pour attirer une femme (en restant dans un schéma hétéro), ne reproduit-on finalement le problème en ne présentant dans la littérature QUE des modèles inatteignables et excessifs de surcroît ?

J’observe depuis peu un début de changement de paradigme et il faut l’encourager ! Des appels au consentement (le consentement c’est sexy !), des dénonciations des comportements sexistes ou des parodies de ces sacs à testostérone. Je veux que l’on déverse sur la littérature des flots de green-flag-guys (attention cependant, à différencier des nice guys, qui sont tout aussi problématiques). Poursuivons nos efforts et continuons d’analyser les personnages masculins des médias que nous consommons.

Tu seras un homme, cher personnage (4)

Entrons dans le vif du sujet ! Nous allons passer mes personnages masculins au bistouri.

Je vais d’office exclure ma saga des Chroniques des Fleurs d’Opale. Pour plusieurs raisons. La première, c’est que j’en ai débuté l’écriture en 2006, jusqu’en 2021. Sa rédaction s’est établie en parallèle de ma propre déconstruction. Le tome I n’est selon moi pas le meilleur exemple (et il rentre complètement dans ce que je pointais du doigt plus haut concernant les travers des romantasy) ; et même si on remarque la progression dans le tome II et que j’aime mes prota masculins de tout mon cœur dans cette œuvre, ils ne serviraient pas mon propos. Ils ne sont hélas pas assez déconstruits eux-mêmes ; et les personnages sont déjà adultes, donc plus forcément dans cette phase charnière de construction d’identité. Je pourrai techniquement les détailler pour montrer ce qu’il ne faut pas faire, mais je préfère détailler mon travail d’éveil sur le sujet plutôt que mes boulettes passées pour donner matière à ce fameux changement dont je parlais. Par ailleurs, je pense que dans les Fleurs d’Opale, j’ai cherché à travailler davantage la thématique des féminités et de leurs (tentatives d’)émancipations vis-à-vis du patriarcat. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose. En revanche, nous pourrons y consacrer une autre lettre à ce sujet !

C’est OK d’admettre notre propre cheminement ; ça donne de l’espoir sur nos capacités d’aller de l’avant pour faire mieux ! Anyway. Je vous avais prévenu : je suis loin d’être parfaite. Mais je tends à devenir une meilleure version de moi-même.

Je vais donc me focaliser sur les oeuvres qui mettent en scène des ados/jeunes adultes : Ludo Mentis Aciem (ma fanfiction Harry Potter ; 2012-2020) et Persona (2021-202(4)). Avec un petit teasing sur mon prochain projet. Héhé.

N’hésitez pas à sauter les passages si mon blabla sur certains personnages ne vous intéresse pas et ainsi réfléchir avec moi sur ceux qui vous intéressent le plus. Voire de tout sauter si vous voulez passer directement à mes pistes de réflexions pour améliorer ensemble nos récits sur le sujet.

Juste pour vous resituer le contexte et les bases ; LMA (son petit nom) est une fanfiction Harry Potter, débutée en 2012, en 8 tomes, avec ses humbles 1.5 millions de mots. Je m’y suis consacrée corps et âme pendant 8 ans, loin de me douter que j’allais en venir un jour à désavouer cet univers après les déclarations de Rowling…

LMA raconte l’histoire de Kate Whisper, 11 ans, qui effectue sa première rentrée à Poudlard suite à la guerre de 1997, et qui ouvre par inadvertance (oupsie) une cinquième maison. Comme vous vous doutez, avec 8 tomes, la palette des personnages concentre pas moins d’une centaine de protagonistes et il serait vain d’analyser tous les personnages masculins de l’oeuvre. J’écarte d’office les personnages adultes, préférant me focaliser sur les jeunes (sachant qu’ils débutent l’aventure à 11 ans et qu’on les suit jusqu’à leurs 18, ce qui est d’autant plus intéressant dans leurs questionnements vis-à-vis de leur positionnement masculin). J’en garderai donc que trois : Terry, Griffin et Emeric. OUI, je vois d’ici les fans de Tetsuya, de Nestor ou de Leeroy me sauter à la gorge, mais please, admettez que sinon, on est parti.e.s pour écrire un nouveau roman !

🐻 Terry

On commence vraiment très fort. Honnestly, best man of the universe, nan ? Bon, OK, je développe.

Ce jeune homme est un Poufsouffle et il répond aux critères de la maison : il est gentil, serviable, souvent de bonne humeur. C’est un bon vivant, qui n’est pas avare de compliments (il serait capable de dire à quelqu’un en duel que son teint est merveilleux et ses chaussures de très bon goût). Il est enfant unique, a grandi avec des parents très aimants, mais souvent absents, dans un environnement disons… minimum. Terry a donc du apprendre à grandir très vite, ce qui en fait un personnage très mature. Il se distingue aussi par son physique : il est très grand pour son âge (une bonne tête de plus que ses camarades, et au collège, ça pèse…) et il a de l’embonpoint. Et pas qu’un peu.

En fait, j’ai rien à redire sur lui, il est presque… trop… parfait ? Il en a rien à battre de l’avis des autres, il évolue pendant toute sa scolarité entourée de deux filles (puisqu’il est le meilleur ami de Kate), il est un profond partisan de l’amitié fille/garçon. Il est pas bon en sport, ce n’est pas un élève brillant, mais il excelle dans son empathie. Il a profondément envie de défendre les autres et de se battre contre les injustices (ce qui va le mener à la fin de l’aventure à s’orienter vers des études d’avocat). Il est sans cesse connecté à ses émotions ; son seul souci, à la limite, ce sont ses tantrums. Ses colères sont généralement explosives.

Tout au long de l’aventure, ses amis ne cessent de le comparer à un ours. Il en impose par la carrure, mais c’est le coeur le plus tendre qui soit, sauf quand il s’agit de défendre ce qui lui est cher.

L’autre point important, dans la lignée de j’en-ai-rien-à-carrer-de-l’avis-d’autrui, c’est qu’il assume complètement ses rêves d’avenir. Terry rêve de devenir papa, et pas n’importe lequel, un PAPA-MEGA-POULE. Vous avez déjà croisé des gamins de 15 ans qui répondent ça quand on leur demande comment ils se voient plus tard ? Terry ne voit pas la paternité comme quelque chose de dégradant. Ni le fait (et surtout pas le fait) de respecter ses amies femmes et ses partenaires. Terry est un gentleman à toute épreuve. Il va jusqu’à péter la gueule d’un camarade qui a divulgué des photos magiques de sa petite amie (vous voyez, quand je parlais des colères, disons que son défaut, c’est qu’il passe parfois par des voies de violences masculines pas forcément tiptop). L’avis de ses pairs masculins lui importe peu, puisqu’il est bien entouré par ses amies et que cela lui suffit. Evidemment, cela lui vaut parfois un certain nombre de moqueries, mais Terry a le dos large ; il en a rien à cirer. Et le must, c’est que tout ce que j’ai énoncé n’enlève rien à sa virilité. Il reste un homme, bien dans sa peau.

Bref. Un personnage merveilleux, avec quelques défauts finalement assez peu dénoncés (notamment dans les tomes 7-8, mais je ne m’étendrai pas dessus, ça mérite une autre lettre), mais trop parfait dès le début, presque trop idéal, quand on y pense. Ce n’est pas le personnage qui donne les pistes de “comment on vise cet idéal”, en se contentant d’un résultat un peu brut. Ce qui est le plus intéressant, selon moi, c’est le cheminement, l’évolution des pensées.

🦁 Griffin

Alors là, on a tout l’inverse, avec un red-flag ambulant ! Avec pourtant, tous les critères du “mec parfait” dans un certain nombre de fictions.

Griffin est un Gryffondor, benjamin d’une fratrie de 7 garçons, devenant au fil des tomes capitaine de l’équipe de Quidditch. Garçon beau et populaire, volontiers sympa (c’est pas un vilain bougre sur certains aspects), Kate, l’héroïne, a un crush quasiment immédiat sur lui et finira même à sortir avec lui pendant leur 5ème année.

Mais quelle tête-à-claques. Déjà, la première clé pour comprendre le personnage, c’est son bain familial. Il a 6 frères, bordel. Griffin a grandi dans un univers exclusivement masculin, où sa mère a été reléguée aux tâches ménagères pour subvenir aux besoins logistiques de tout ce petit monde. Mère qui s’est toujours montrée très très fière d’avoir 7 petit* mecs. Ce qui a propulsé dès le départ Griffin dans une position de supériorité du fait de son genre. Il a pris beaucoup modèle sur ses grands frères (sauf un, qui est la risée familiale. Gabriel, plus sensible, et ouvertement gay, et que Griffin renie plus ou moins en reprenant l’exemple de ses autres frères, c’est beau l’esprit de famille n’est-ce pas !). Et c’est un petit dernier : il est beau, il est merveilleux, il est parfait, et rien ne lui sera jamais reproché.

Alors quand vous mettez Kate dans la balance, une gamine au fort tempérament qui ne fait les choses comme personne, évidemment, ça fait des bulles ! Mais pourtant, il va surtout manifester dans un premier temps beaucoup d’intrigue. Oui oui. Griffin est INTRIGUE par Kate. Il va prendre parfois ce rôle de prince charmant, qui la sauve de certaines situations délicates, mais sans jamais lui laisser l’occasion à elle de s’exprimer ou d’intervenir pour se sortir elle-même de ces situations ; il fait tout à sa place. Il la rend passive. Au final, qu’est-ce qui intéresse Griffin ? De se faire bien voir par ses bonnes actions ? Et de se dire que sortir avec Kate est quand même bon pour son image, puisqu’elle est quand même “célèbre”, du fait qu’elle ait ouvert la cinquième maison ? Disons que Griffin n’aime pas ce qui est différent et qui pourrait ternir son image, il va très vite mettre ça de côté. D’ailleurs, il n’est en relation avec Kate que lorsqu’elle est seule ; il ne va JAMAIS s’intégrer à son groupe d’amis. Sûrement parce qu’il a honte et qu’il craint ce regard des autres qui le fait vivre.

Au fur et à mesure que leur relation s’étoffe, on comprend que ce type est clairement problématique. Griffin essaie de décourager Kate dans ses ambitions, quelles qu’elles soient. Présentes ou futures. Il la rabaisse, tente de lui “rappeler sa place” (mais c’est pas de sa faute, hein, “c’est le monde qui est comme ça”). Il est bloqué dans ses carcans tradi, de la femme aux fourneaux, l’homme qui rapporte l’argent, en bon pater familias. Tout doit se passer comme ça s’est toujours passé, sur des modèles très précis. Griffin est clairement bloqué dans le bon vieux patriarcat qui lui offre d’énormes privilèges et il n’est pas prêt de le remettre en question. Quel intérêt il y trouverait ? Il sort avec Kate ? OK, ils doivent coucher ensemble. Elle ne peut pas parce que ses pouvoirs sont potentiellement dangereux ? C’est qu’elle n’y met pas du sien. A ce niveau-là, pire qu’un goujat, on flirte quand même avec le délictuel. Et quand Kate essaie de le confronter, de le faire évoluer, il va juste… se bloquer, et préférer couper les ponts. QUEL MEC SAIN N’EST-CE PAS ?

Et au passage, c’est un bon gros bully envers Emeric, qu’il ne cesse d’appeler “'l’intello”. En réalité, si Griffin se déchaîne autant contre lui, c’est qu’il a peur de la menace qu’Emeric représente. Et plutôt que de se connecter justement à cette peur, qui le pousserait à se remettre en question sur son propre comportement, il va plutôt exploiter sa colère pour maltraiter son camarade, pour se moquer de lui dès qu’il en a l’occasion.

Ahhh, là, nous sommes sur un spécimen beaucoup plus intéressant, car on retrouve en lui cette balance, dont je reprochais l’absence chez Terry.

Les origines d’Emeric sont assez dramatiques, et sont même explicitées dans leur propre spin-off. Retenez qu’il a perdu sa mère jeune dans des circonstances horribles, élevé par un père qui n’est en réalité pas le sien. Emeric est devenu un garçon très renfermé sur lui-même, qui a rejoint Serdaigle à sa première rentrée. Il aime l’exactitude, avec une rigueur scientifique qui le pousse à se questionner sur le monde qui l’entoure et à commencer toutes ses phrases par “techniquement”. C’est un petit blond à lunettes, plutôt fluet, qui préfère rester dans l’ombre et qui ne parle qu’à voix basse.

Même s’il apparaît dès le chapitre 1, il n’est pas très présent dans les premiers tomes et passe surtout pour le gamin timide qui se fait martyriser par Griffin. Son importance est croissante dans la saga, jusqu’à devenir le main character du tome 7. Et surtout, il a un coup de foudre pour Kate dès le premier regard, avant même d’arriver à Poudlard, touché par sa joie de vivre et sa bonté. C’est ce qui va en partie conditionner son rôle pendant la saga, car il va tout faire pour protéger cette bienveillance chez Kate, sans se faire remarquer au départ.

Au fur et à mesure que le lien se renforce entre eux, on comprend qu’Emeric ne cherche qu’à porter Kate vers le haut, la pousser vers des réflexions qui feront d’elle une meilleure version d’elle-même. Et vice-versa. Ce sont des personnages qui s’apportent mutuellement, mais cela ne signifie pas qu’ils ne prennent en compte que le plaisant et le positif. Ils apprennent tous les deux à apprivoiser leurs ténèbres respectives. On découvre dans la saga qu’Emeric est en réalité un cambion, c’est-à-dire un fils de démon, et donc destiné à devenir un sorcier aussi puissant que Merlin. Et même si ce côté sombre qui le malmène et le flatte tente de prendre le dessus, il se rallie toujours à l’amour de Kate pour ne pas céder à la colère et l’instabilité. Il a des doutes, envers lui-même, envers le monde, et ne les cache pas.

Il est pourtant loin d’être exempts de défauts. Tellement rationnel qu’il est capable de faire le mal autour de lui, car il pense qu’il s’agit de la meilleure manière de faire avancer les choses, voire de protéger son entourage, sans prendre en compte la dimension émotionnelle de celles et ceux qui l’entourent. Là, il se coupe de tout. Seule science fait foi. Sauf que l’humain est très très loin d’être une science exacte… Est-ce du fait de traits potentiellement autistiques chez le personnage ; le débat est ouvert.

A côté de ça, Emeric est un jeune homme extrêmement romantique, qui matérialise son amour par des actions exceptionnelles et qui montrent à quel point il tient à la personne. Il aime faire des surprises et offrir plein de cadeaux (généralement en secret). Mais cela peut également consister à proposer des moments, des expériences. Emeric a un lien émotionnel très puissant, notamment avec l’art, ce qui tranche d’ailleurs son côté rationnel et qui, quelque part, le sauve. Pianiste émérite, il passe des heures à jouer, ses œuvres préférées étant celles de l’époque romantique, en particulier Chopin. Les partitions qui l’obligent à donner une partie de lui pour faire vivre la pièce. Les surprises et la musique sont ses langages d’amour, et au final qui le reconnecte à toute sa partie émotionnelle. C’est d’ailleurs sa facette la plus lumineuse et la plus touchante.

Mais ce qui peut être intéressant à relever, c’est également le lien qu’il entretient avec les deux protagonistes cités précédemment. Malgré les situations de maltraitance ou de brimade qu’il a vécu avec Griffin, Emeric n’a jamais ressenti le besoin ou l’envie de se venger, malgré la rancune qu’il voue au Gryffondor. Au contraire, il va même renouer avec lui pour essayer de sauver Kate dans le tome 8. Et avec Terry, c’est une réalité amitié entre hommes qui va se créer. Ils vont… “essayer” de faire du jogging ensemble pour épater les filles (ce qui fut évidemment un échec critique), démontrant par-là que ce n’est pas dans des activités physiques, généralement au centre de certaines préoccupations masculines (l’entretien du corps, la masse musculaire…), qu’ils excellent et qu’ils font briller leur réelle personnalité. Ils vont tous les deux devenir complices pour préparer les meilleures surprises à leurs moitiés. Ils s’avouent leurs peurs, leurs désirs. Une vraie bromance.

Et il y a d’ailleurs UN passage qui résume complètement le topic de cette lettre, par un dialogue entre Emeric et Terry.

— On n’est pas des gars un peu bizarres ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Eh bien… je ne suis pas forcément familier avec les codes normatifs socialement acceptés, mais il me semble que beaucoup de gars de nos âges, même plus âgés, préfèrent d’abord essayer plusieurs relations avec différents partenaires avant de se poser dans un train de vie routinier et bien cadré.
— Chaque homme est différent ! Il n’y a pas de norme ! Tu veux t’amuser et ne jamais te caser, très bien ! Tu veux garder ton premier amour, très bien ! Tu veux changer, tester, très bien ! Avoir des projets de vie commune, quel que soit ton âge, cela ne te rend pas « moins homme », Emeric.
— Dans de nombreuses cultures, la notion de rite de passage de l’enfant vers l’homme est très ancrée et doit s’inscrire dans l’acquisition de la virilité.
— Euh, ok. Et c’est quoi exactement la virilité, selon toi ?
— Si on s’en tient à la définition, c’est l’ensemble des caractères biologiques d’un homme à l’âge…
— Selon toi ! le corrigea Terry avant qu'il ne poursuive.

Emeric réfléchit mais ne trouva pas de réponse concrète.

— Qu’importe. Je ne me sens pas intégré dans cette notion de virilité, quelle qu’elle soit.
— Parce que, justement, on ne peut pas vraiment savoir ce que c’est. Les gens inventent la définition qui les arrange pour se sentir légitimes. Certains rabaisseront les femmes, certains s’inventeront des rites, comme tu les appelles, d’autres se mentiront toute leur vie sur ce qu’ils sont réellement. Tu es un homme, Emeric, parce que tu acceptes qui tu es et tu ne rejettes pas tes sentiments : tu les confrontes, tu les comprends, tu es honnête avec toi-même et envers les autres. Ce n’est pas un courage qui est donné à tout le monde. Tu fais partie de cette humanité et peu importe si tu ne réponds pas à une norme : tu es comme tu es, avec tes particularités et tes qualités, et tu participes à la vie d'aujourd'hui. Kate t’aime comme tu es. On a désormais la chance de vivre dans un monde qui nous offre le droit d’être ce que nous en voulons, alors te bile pas.

🎭 Persona

Même si LMA est une œuvre très complète, de laquelle je suis très fière, elle souffre de nombreux biais qui me sautent beaucoup plus aux yeux aujourd’hui. Rien que dans le fait que les trois protagonistes que j’ai mentionnés soient trois jeunes hommes caucasiens et valides (même si la myopie d’Emeric peut parfois beaucoup l’handicaper, ainsi que ses traits codés autistiques). Dans Persona, j’ai eu à coeur d’explorer BEAUCOUP plus de variétés. Et qu’est-ce que ça fait du bien !

Qu’on se le dise maintenant : j’exclue d’office Andrea de cette lettre. Et ce n’est pas une punition. Même si Andrea a été assigné.e homme à la naissance, iel n’a pas dû faire face aux mêmes injonctions, car assume sa non-binarité (et joue justement sur les codes des genres dans sa genderfluidité). Même si sa discussion avec Pélagie dans le tome 1 lae questionne sur les attendus sexuels chez les adolescents, notamment des jeunes hommes, il ne me semble pas pertinent de parler d’Andrea dans le cadre des déconstructions des masculinités, car iel joue sur un tout autre tableau. NEANMOINS, Andrea joue un rôle prépondérant dans la déconstruction des autres personnages, et on y reviendra.

Il y a énormément d’hommes dans Persona que je souhaiterai aborder. Cependant… vous n’en connaissez encore pas la plupart, car c’est une thématique que je creuse plus profondément dans le tome 3. Vous aurez donc l’occasion de rencontrer : Ahmès, le prince de Dhaou, un excellent orateur confiné entre ses murs du fait de sa maladie ; Romuald, le médecin UBER-SEXY et empathique, qui n’a aucun souci à vivre avec sa conjointe qui a quinze ans de plus que lui ; Grégoire, le chef des Apiculae de Faos, qui joue clairement sur les rapports de pouvoirs, sur tous les plans ; Donatien, le poète mélancolique qui n’a pas d’autre choix que de se soumettre pour survivre. (JE VIS POUR LE TEASING OK ?)

Dans le cadre de cette lettre, j’aimerais qu’on se concentre sur trois personnages. Déjà par question d’équité par rapport à LMA, mais aussi parce que ce sont trois cas qui prennent des trajectoires différentes : Isidore, Thomas (oui oui, je sais, j’avais dit que je privilégiais les jeunes hommes, exception ici car le personnage a l’occasion d’évoluer sur ses positions) et, SAVING THE BEST FOR LAST, Evander.

🐦 Isidore

Personnage au centre du tome 1, Isidore est un OVNI parmi les protagonistes masculins de la littérature. Et je sais qu’il a fortement été apprécié pour cela. C’est un jeune aristocrate BIPOC autiste, kidnappé pour épouser la princesse Eloïse et devenir, par extension, roi consort du Royaume d’Argent. Est-ce qu’Isidore en a quelque chose à battre ? Absolument pas. Lui, ce qui l’intéresse, c’est d’observer les oiseaux et de réunir un maximum de données les concernant. Et accessoirement qu’on lui foute la paix, parce qu’il aime rester tranquille.

Il serait plus pertinent, selon moi, d’explorer plus en profondeur le personnage d’Isidore dans une lettre dédiée à la neuroatypie chez les personnages de littérature, cependant, il ne peut pas seulement être réduit à ses particularités. Ca serait oublier qu’il reste un jeune homme de vingt ans. Et on ne peut pas lui retirer ça.

Dès le départ, j’ai cherché à détourner le cliché de “la belle princesse que l’on va sauver du méchant roi”. Cette fois, ça serait un prince. Et pas un personnage avec un fort tempérament qui aurait clairement pu s’échapper seul en pourfendant un dragon, que nenni. Un “prince” doux, hypersensible, qui chill dans le palais et demande juste à ce qu’on le change de chambre pour mieux contempler les oiseaux.

Alors oui, Isidore est en recherche de liberté, depuis toujours, puisqu’il n’a cessé d’être enfermé, et qu’il vit par procuration au travers des oiseaux, libérés de leurs cages. Il essaie à un moment de prendre son destin en main, mais cela ne réussira pas comme espéré. Et du fait qu’il lui manque un certain nombre de codes sociaux, même s’il fait son maximum pour les comprendre, il entretient une relation d’amour-haine avec le regard des autres. C’est important pour lui d’essayer de s’adapter, mais dans un même temps, il ne comprend pas l’être humain, si compliqué en la matière. Alors Isidore vit au présent, tout simplement.

La princesse Eloïse se questionne à un moment sur sa masculinité, évoquant avec son précepteur ses doutes quant à la capacité d’Isidore de l’aimer ou de l’aider à concevoir un héritier. La sexualité (ou l’asexualité) d’Isidore n’est nullement mentionnée dans la saga, et je ne suis même pas sûre qu’elle le sera (because who cares ?). Cela pourrait être recoupé avec la lettre sur la neuroA ; mais du point de vue d’Eloïse, Isidore ne correspond pas aux critères de la masculinité car il se détache complètement des archétypes que son père lui avaient présentés. Des soldats, des hommes influents, des hommes de force et de pouvoir. Et pourtant, elle qui a rejeté tous ses prétendants (parce que justement, elle tient à garder ce pouvoir) se retrouve à s’attacher à cet être mystérieux, qui échappe à tous ses préconçus. Isidore veut comprendre ; et rien que ça, c’est une sacrée différence aux yeux d’Eloïse, qui n’était vue jusque-là que comme une couronne à conquérir.

Isidore se questionne beaucoup sur ses proches, sur les dynamiques relationnelles, sur l’amour, notamment amical et fraternel. Et rien que ça, en étant pourtant une personne autiste, il fait beaucoup plus de chemin que 80% des hommes de notre monde présent (bim, balle perdue again). Il n’hésite pas à demander s’il commet des impairs, si ce qu’il dit ne sera pas mal interprété. Il cherche à se mettre à la place d’autrui, et c’est déjà énorme comme effort.

🐿 Thomas

On fait exception avec le seul adulte du lot. Mon côté vilain vous dira qu’il a l’intelligence émotionnelle d’un ado de 13 ans, donc ça compte, héhé. Attention, tout ce qui concerne Thomas pourrait spoiler, puisque c’est un personnage qui n’apparaît que dans le tome 2.

Thomas est le père de l’un des personnages principaux, Evander, mais n’en a pas connaissance. Sa bien-aimée de l’époque, Ariane, est tombée enceinte alors qu’il quittait son Officium pour Pyxis du fait de ses 18 ans ; elle, en avait 16. Evander ayant été retiré à sa naissance, Ariane a préféré mettre fin à ses jours que d’endurer plus de souffrances. 17 ans plus tard, Thomas apprend donc deux choses : que celle à laquelle il avait tant promis, car profondément amoureux, était décédée ; qu’il était père d’un grand ado. Bonjour le choc. Mais bon. Le gars, il est parti dans le Culte et est resté là pendant 17 ans, en se disant qu’un jour, sa belle reviendrait. Ca oscille entre la mignonnerie cheesy et l’excès de stupidité. Anyway.

En dehors de ce contexte tragique, Thomas est un homme très extraverti, très apprécié de ses camarades. Il initie souvent le mouvement, prend la place de leader, il est dans l’entraide constante ; personne ne sera jamais laissé de côté. Et surtout, dernier point important, il est Don de Potenta. Pour résumer, c’est Superman le gars (sauf qu’il vole pas). Il est doté d’une force exceptionnelle et porte des biceps qui chatoient. Le gars coche toutes les cases du mec viril : il est grand, il est barac’, c’est un daddy bien sexy, il est sociable, surtout au sein de ses boysbands, c’est un bon vivant.

Et pourtant, l’une des premières fois où on le rencontre VRAIMENT, ça envoie voler tout ça en éclats, quand il apprend le décès d’Ariane. Extrait (mise en contexte, il vient de flip a table) :

Thomas s’était recroquevillé dans un coin, terrassé par toutes les émotions qui le faisaient suffoquer. Un étrange courage saisit alors Evander. Il gardait en lui l’écho des mots blessants de Cécilia. On attendait d’un homme fort qu’il soit sûr de lui, courageux, sans la moindre faille. Thomas, outre son Don, était l’archétype de cet « homme fort » ; pourtant, c’était dans cette position de vulnérabilité qu’il était le plus vrai, dans la prise de conscience de la perte irrémédiable d’Ariane.

Le jeune homme se leva et s’approcha avec prudence. Agnès tenta de l’arrêter d’un geste, néanmoins il ne renonça pas. Evander s’accroupit auprès de son père et attendit que leurs regards se croisent. Aussitôt, Thomas ravala ses pleurs.

— Je… je suis désolé que tu me rencontres dans cet état. Ce n’était sûrement pas ce que tu espérais.

— Si, un peu.

Devant l’expression troublée de Thomas, Evander expliqua dans un rictus :

— Ça prouve que vous avez vraiment aimé ma mère. Ça me rassure.

Là où ça devient intéressant, c’est sa manière de gérer son deuil, sa perte, et le revirement qui vient ensuite. Dévasté par la mort d’Ariane (qui remonte quand même à plus de 17 ans), Thomas décide de mener un mouvement de rébellion, de faire péter le Culte. Est-ce dans l’intérêt d’Ariane ? Est-ce qu’elle aurait voulu ça ? Absolument pas. Au stade de sa colère, Thomas veut juste tout détruire. Sans se rendre qu’il va sacrifier des milliers de vies dans son entreprise. Là, on entre clairement dans une facette problématique de la masculinité. Je n’ai pas ce que je veux, je suis en colère = je veux tout détruire au nom de celle que j’aime, même si elle n’a rien demandé, parce que j’ai un motif pour le faire, parce que j’ai le droit.

Rien à voir avec la choucroute mais ça me fait un peu penser aux gars qui se mettent en haut des grues pour récupérer la garde d’un gamin… dont ils s’occupent pas voire qu’ils maltraitent. Juste par principe, parce que “c’est mon enfant, elle ne peut pas me l’enlever”. L’intérêt dans ces cas de figures (et c’est bien expliqué par certains reportages infiltrés dans des cercles de pères célibataires qui se montent le bourrichon ensemble ; j’essaierai vraiment de vous retrouver le reportage complet, à défaut, j’ai juste deux articles sous la main ; le deuxième encore plus complet), ce n’est pas celui de l’enfant, c’est celui de faire chier la mère et de récupérer un semblant de pouvoir. Bref, c’est ce que Thomas fait. Il fait chier le monde. Quitte à mettre son propre fils en danger. (même si on pourrait également expliquer cette lutte bien autrement, notamment l’aspect révolutionnaire entre les différentes classes, un autre combat, bien plus légitime que l’égo d’un mec).

Qu’est-ce que ça lui apporte au final ? Juste l’illusion d’avoir le contrôle sur quelque chose. Le contrôle. Beaucoup d’hommes le recherchent, peu le comprennent. Et surtout ne saisissent pas son absence. Personne n’a le contrôle de sa vie à 100%. Ni le contrôle de la vie d’autrui. C’est illusoire, c’est toxique. Pour eux, pour commencer.

Et la bascule qui s’opère dans le personnage est super intéressante quand il comprend enfin (ça a été un peu long à la détente) qu’Ariane n’est déjà plus là, mais qu’Evander, lui, est toujours en vie. Sa rage se transforme en peur. La peur de le perdre lui, et de se rendre compte que tout ce qu’il a entrepris était clairement pas l’idée la plus lumineuse du siècle. A partir de là, Thomas admet qu’il n’a plus le contrôle, hélas, il est déjà trop tard. Je ne spoilerai pas la fin du tome 2, ça serait terrible, mais on entre dans l’essence-même du personnage, qui embrasse sa volonté d’être un père digne et intègre. Quitte à tout sacrifier. Et c’est un amour bien plus fort que beaucoup d’histoires romantiques.

⏳ Evander

OK.

Nous y sommes.

Hémistiche de cette lettre, figure hégémonique de la thématique.

La cerise sur le gâteau à 10 étages, le bouquet final, le POM-POM sur la GAR’AUWNE.

Je parle évidemment d’Evander (feating les fangirls en furie derrière).

Tout repose sur son postulat de base qui m’a permis de créer le personnage : “je vais reprendre le personnage de Griffin, MAIS je vais lui créer un arc de rédemption vis-à-vis de ses problématiques”. Je veux prouver qu’on est capables de transformer un red-flag en green-flag. Alors c’est ce que j’ai fait, j’ai repris Griffin : un gars qui aime bien se faire voir, qui ne vit que pour l’attention des autres. Il est lourdingue, il se la pète, il laisse filer des remarques ouvertement sexistes. Il a des côtés nice guy (“mais pourquoi les filles ne m’aiment pas ? Pourtant je suis gentil avec elles”) Initialement, il était prévu qu’il meure à la fin du tome 1, mais j’ai refusé. On ne règle pas un arc de rédemption par une mort sacrifice ! C’est nul, ça résout rien du tout ! On pardonne tout au personnage problématique sans jamais le remettre en question, et ça, c’était hors de question ! Evander allait se sortir les doigts du c*l et apprendre devenir un bon gars, Lumière !

La différence majeure entre Griffin et Evander repose sur leurs enjeux personnels et leur terrain familial. Tandis que Griffin considère tout comme acquis, Evander n’a rien. C’est un orphelin, qui n’a jamais connu de famille, puisqu’il a été retiré à sa mère au moment de sa naissance, sans jamais rien connaître de ses origines. De ce fait, il n’a aucun repère et il est en constant besoin de se rassurer en se prouvant qu’il existe, qu’il n’est pas seul. Rien que cela explique des raisons très différentes à la base d’un comportement pourtant similaire.

En fait, je pense qu’un gars comme Evander aurait clairement mal tourné s’il avait grandi dans un environnement différent, qui l’aurait conduit à se morfondre, à suivre le mouvement, à devenir lui-même quelqu’un de maltraitant, car il est très influençable par nature, du fait de son envie de plaire. En tout cas, de ne pas être abandonné. Son salut, Evander le doit clairement à Andrea, puis à Thisbé. Andrea qui a remis en cause les premiers préconçus d’Evander sur de nombreux sujets, et que le garçon a intégré comme “normaux”. Evander a appris d’Andrea à éviter tout jugement trop hâtif, à accepter la différence, la patience (enfin… comme il peut). C’est une bromance d’une intensité stellaire qu’il y a entre eux. Et même plus, si je puis dire. Parce que je m’interroge sur mes personnages avec des “et si”, j’en suis venue à m’interroger et me dire que oui, si Andrea n’était pas ace/aro, il y aurait complètement y avoir plus qu’une amitié profonde entre les deux. Ce qui fait d’Evander un personnage pansexuel, plus que strictement hétéro, et ça, on en décèle quelques traces par-ci par-là dans les différents tomes si on y prête suffisamment attention. J’y reviendrai.

Quand on le voit de l’extérieur, au début, sans le connaître, Evander s’apparente juste à un mec relou. Il drague les jolies filles, il parle beaucoup, surtout pour expliquer ce qu’il ne connaît pas, il fait preuve d’un humour que j’adore discutable. Et petit à petit, au cours de la saga, ses différentes expériences vont le forcer à détricoter cette pelote de masculinité pour remettre chaque fil en question et le tresser de manière éclairée. Ceci, grâce aux coups de pieds au cul de Thisbé qui n’hésite pas à le remettre à sa place, à la patience et aux sages enseignements d’Andrea, mais aussi ses propres expériences personnelles. Evander fait des erreurs. Beaucoup d’erreurs. Mais il se remet en question, il identifie les problèmes pour ne pas les reproduire et pour faire mieux les fois prochaines.

Et même parfois, en voulant bien faire… il fait de travers. Pourtant, il ne se décourage pas. Il cherche à devenir un meilleur homme, pas seulement pour plaire à la gente féminine, mais pour se sentir en accord avec lui-même. Un jeune homme à l’écoute et respectueux. Une BASE, on est d’accord. Mais ça semble être la lune à demander pour beaucoup.

Petit à petit, on perce sa carapace, qu’il avait bâti autour de lui pour mieux se protéger. Il a des moments de vulnérabilité, il admet ses faiblesses et ses peurs. Et ce qui est intéressant aussi, c’est qu’en dépit de toutes ces apparences, basés sur le physique, l’apparence (et il est d’ailleurs extrêmement coquet ! Il aime prendre soin de lui, s’entretenir. Clairement, Evander, tu lui proposes un atelier manucure, je suis certaine qu’il est refait)… finalement, lui n’émet que peu de jugements autour de lui. Il accepte toutes les personnes comme elles sont, sans jamais les rabaisser. Une tolérance acquise grâce à Andrea, on est bien d’accord, mais qui s’est ancré en lui et fait désormais partie de son identité.

Là où on commence à mesure son évolution et ses remises en question, c’est justement dans le tome 2, avec sa rencontre avec la BEST DES BEST, aka Amandine. Deux caractères diamétralement opposés. Lui est très bavard, expansif, théâtral, ouvertement dramaqueen, vit à travers le regard des autres ; elle est très réservée, solitaire, préfère lire, a peur du regard d’autrui. Et pourtant. Le point hyper sain de cette relation, c’est que dès le départ, aucun ne s’est jugé. Amandine n’a jamais fait remarquer à Evander sa dyslexie ; Evander n’a jamais pris en compte le fait qu’Amandine était une jeune femme grosse. Ce sont des faits intégrés, c’est comme ça. Ils vont en revanche s’aider à lutter contre le monde par rapport à ça, se défendre l’un l’autre, jusqu’à repousser leurs propres limites. Et aw gad. Il y a peu de tropes qui me transportent, mais le “who did you this”, quand il est bien fait, c’est une double crème de gruyère.

Ce qui est beau dans cette relation, et qu’Evander identifie lui-même et verbalise :

Je n’ai pas besoin d’être quelqu’un que je ne suis pas, quand je suis là, avec toi. Tu es ma binôme parfaite.

Evidemment, je ne peux pas en dire trop pour éviter de vous spoiler la suite de la saga, mais je vous demanderai d’être particulièrement attentifs à tous les ressorts de cette relation, et de ce que ça en dit sur la masculinité d’Evander. Qui tente toujours de se prouver (et de prouver aux autres) qu’il est un homme digne. Qui va alors commettre certains gestes “problématiques” pourtant intégrés comme normaux (qui paraîtraient d’ailleurs d’une évidence pour beaucoup de personnages masculins de fantasy), que les autres vont lui apprendre à déconstruire derrière. Non ; frapper quelqu’un d’autre jusqu’au KO pour défendre “l’honneur” d’une fille qui n’a rien demandé, ce n’est pas sexy. C’est une démonstration de violence, de volonté de domination. Et personnellement, un mec qui va me défendre en allant frapper quelqu’un, va me faire 1000x + peur que celui qui va m’isoler pour me sécuriser par rapport à la situation qui me porte préjudice, qui va poser des mots que ce que j’ai vécu et me demander comment je me sens et si MOI j’estime que j’ai besoin de quelque chose pour me sentir mieux. Vous voyez le souci ?

Il existe un pont supplémentaire entre Evander et un autre personnage de mon registre, en reprenant Terry. C’est la proximité avec les enfants. Evander est un ami pour les autres membres du groupe, certes, mais il endosse aussi le rôle de grand frère. Il a eu assez peu l’occasion de le montrer, même si on voit qu’il passe toujours du bon temps à distraire les enfants de l’Officium et qu’il explique dans le tome 2 qu’il est prêt à abandonner son Don si cela lui permet de se marier et de fonder la famille qu’il n’a jamais eue (contrairement à Terry, ici, on est presque sur un besoin vital). Dans le tome 3, on découvre surtout la relation Evander/Pax, qui met les villae sans dessus-dessous, parce que… vraiment, à deux, ce sont des tornades. Doublées de trolls. Vraiment, on passe un bon moment avec eux. Mais Evander a ce contact facile avec les jeunes, une envie de jouer ce rôle d’aîné, et de devenir “enseignant” à son tour (enseignant de bêtises, surtout). Il n’a pas “honte” de se mêler aux plus jeunes et de pratiquer le care.

Cependant, Evander est aussi un jeune homme qui peut être jaloux, notamment vis-à-vis des autres hommes qui pourraient lui faire de l’ombre. Car plutôt que de faire jouer ses qualités, il aura alors tendance à s’écraser. Evander DETESTE notamment Vilnius, le masque que porte parfois Andrea, représentant un bel Apollon, bien gaulé, sourire Colgate™, mais un petit pois dans le cerveau. Et Evander déteste cette injustice, ne comprend pas, comment Vilnius peut avoir plus de succès avec les femmes, alors que c’est juste un pauvre con.

En réalité, Evander cherche à mieux faire, à devenir un homme meilleur, mais son rapport avec les femmes rend les fondations de son évolution parfois branlantes. Car il est confronté au regard de certaines femmes elles-mêmes conditionnées par le patriarcat. Alors, Evander ne comprend pas. Que faire. Continuer à se déconstruire quitte à se faire rembarrer, ou embrasser un schéma archétypal pour obtenir facilement ce qu’il veut ? Evander prend conscience que le chemin ne sera pas aisé, qu’il a pris la voie plus compliquée, mais qui, sur le long terme, lui sera bien préférable et fera de lui une bonne personne.

C’est d’autant plus marquant avec le passage de son date loupé avec soeur Cécilia. Celle-ci s’était à l’avance dressé un portrait bien brossé du jeune homme, à partir de ce qu’il en laissait paraître. Et découvrir qu’en réalité, Evander était un être plein de sensibilités cachées… ça l’a refroidie.

Je vous mets l’extrait en question avant travail édito. C’est une scène que vous ne trouverez pas dans le livre, parce qu’il a été revu, mais je trouve le dialogue originel plus parlant sur la confusion d’Evander sur les attentes.

—Ce n’est pas mon genre!

—Oui. J’ai bien vu que tu n’étais pas ce genre d’homme, justement. Ce n’est pas ce que je recherche. Je le pensais, en te voyant de loin, mais finalement…

Vexé comme il était, sa douleur le rendit tout à coup mesquin:

—C’est ça qui vous plait, aux filles? Vraiment? Un type sombre et ténébreux, qui ne sait rien exprimer, à part sa colère? «GROUH! Pas content! Jamais content!» Un gars… possessif, qui ne veut pas admettre que sa moitié peut avoir sa liberté? Ses secrets? Le genre de type qui frappe dans des murs – et parfois même sur des gens – et qui doit être sauvé à tout prix par une pure et innocente créature, parce que «l’amour résout tout»? C’est ça, ce que tu attends d’un homme? Qu’on soit… insensibles et malsains? Je ne vous comprendrai jamais…

Lorsqu’il considéra l’expression décomposée de Cécilia, il se rendit compte de la rudesse de ses propos et chercha à se rattraper:

—Ce… c’est pas ce que je voulais dire!

—Bonne soirée, frère Evander.

Et pourtant, il va persévérer, en ne gardant autour de lui que les amis prêts à le soutenir dans cette longue entreprise. Comme Amandine qui va lui lire des histoires, car il est incapable de le faire lui-même, et ainsi renouer avec son enfant intérieur. Sans considérer cela comme une faiblesse de sa part.

C’est sur du détail que l’on remarque cette évolution. Et pour revenir sur le sujet de la jalousie, dans le tome 3, Evander va faire la rencontre de ce fameux Romuald… Un extrait vaut mieux qu’une explication !

Un grand homme d’une trentaine d’années venait de leur ouvrir. Il dégageait un charisme comme rarement on en avait connu sur le continent. De longs cheveux noirs et brossés avec soin dégringolaient sur ses larges épaules musclées. Son sourire impeccable se muait sur des lèvres pulpeuses. Ses joues creusées, ornées d’une barbe de quelques jours, remontaient sur des fossettes modelées. Et malgré le regard perçant de ses yeux clairs, on décelait à travers son expression une douceur peu commune.

Tous – à l’exception de Pyrame – ouvrirent des mirettes impressionnées. Evander en eut presque même la mâchoire décrochée. Face à leur réaction, l’homme fit remarquer:

—Vous êtes nouveaux ici, vous. Je me trompe?

—Et vous êtes? demanda Andrea.

—Romuald. Je suis le médecin.

—Et l’homme le plus sexy de tout Lux surtout, pétard de Lumière! céda Evander, enflammé. Ça ne devrait pas être permis! Je dis ça sans arrière-pensée! Pardon, c’est sorti tout seul, je sais! Je n’aurais pas dû! Mais… Lumière!

C’est d’ailleurs sur ce genre d’extrait qu’on peut remettre sur le tapis la question de la pansexualité d’Evander qui, à mon sens, a été sensibles aux traits féminins de Romuald (cheveux longs, regard doux), sans remettre non plus en cause sa masculinité.

En résumé, sur la thématique, Evander est un personnage que j’adore, car il prouve que le changement est possible. Qu’il y a des hommes qui seront prêts à remettre en cause leurs privilèges, pas seulement dans le but de séduire, mais parce que cela correspond à leurs valeurs profondes. Et j’espère que vous aurez tout bientôt l’occasion de le découvrir plus largement dans la suite de la saga.

J’ai fait du teasing. Alors je vais quand même vous lâcher un bout de gras !

Dans mon prochain roman, le protagoniste principal sera un jeune homme de 17 ans. Eh oui ! Une première pour moi. Meet Carl Bernstein (j’insère ici une parenthèse ; votre humble hôte ici présente a cherché pendant des heures une illustration qui pourrait se rapprocher de sa vision du personnage. La seule potable trouvée étant une image générée par IA, je préfère m’en passer. Je ne manquerai évidemment pas de passer commander auprès d’un.e illustrateurice dans les mois à venir). Carl est un jeune homme adorable sous tous points de vue. Il est serviable, bienveillant, sensible, plein d’humanité. Son rêve dans la vie ? Suivre les pas de son père, Heinrich, le grand vitrailliste de la capitale. Un souci : Carl est dyspraxique et tout ce qui passe entre ses mains finit par se casser. Pas de bol pour quelqu’un qui manipule du verre !

Il est accompagnée de sa petite dragonne, Brodeverre, beaucoup trop bavarde, mimi comme tout et… toute rose. Vous imaginez bien que, lorsqu’on est un jeune homme de 17 ans, se promener dans l’académie avec sa petite dragonne rose n’attire pas forcément les bonnes attentions. Surtout quand tous les autres camarades ont des dragons mâles qui en jettent.

Vous imaginez bien qu’avec ces bases, on va pouvoir exploiter plein de sujets intéressants ; le poids de l’héritage familial, les relations père-fils, les complexes, la place en tant que jeune homme parmi ses pairs, les clichés sur la masculinité, etc.

Et ceci n’est que le début… malheureusem*nt, je ne peux pas vous en dire davantage, mais j’ai hâte que vous rencontriez Carl, qui est un personnage adorable et particulièrement attachant.

Mon but, par cette lettre, n’était ABSOLUMENT PAS de vous dire “mes personnages masculins sont mieux / tous les autres sont nuls”. C’était de vous montrer mes avancées personnelles sur le sujet des masculinités au travers de mes personnages. Comment je me suis servie d’eux comme terrain de travail, de réflexions. Tous ne sont pas parfaits, mais j’ai tenté d’appliquer mes propres déconstructions sur eux, pour en faire des personnages complets, dans lesquels des jeunes hommes peuvent se reconnaître, qui ne nient pas leur masculinité et tout ce que ça peut impliquer, que ce soit les injonctions, le contrôle (ou sa perte), la recherche de virilité, le boysband, etc.

Ce n’était pas non plus un ordre, une pression, quant à mettre tous les personnages masculins archétypaux à la poubelle 🚮 Mais s’interroger sur leurs comportements et aux messages que l’on véhicule à travers eux. Car qu’on le veuille ou non, toute lecture est politique. Et par mes propres positionnements qui ont motivé cette lettre, on peut imaginer qu’en tombant dans quelques dark sides, elle pourrait générer des mécontentements chez certains. Parce que le fait d’être féministe et de réclamer une égalité des droits est, en soi, un positionnement politique et social.

En résumé, voici quelques points sur lesquels il me paraît intéressant de réfléchir, quand vous mettez en scène des personnages masculins :

  • Fait-il ça dans son seul intérêt, ou pour celui d’un autre ?

  • Est-il en train de faire du gaslight (nier la parole de quelqu’un qui lui reproche quelque chose, manipuler un discours…) ?

  • N’a-t-il pas un être moyen, dans cette scène, d’éviter de le faire recourir à la violence ?

  • Ai-je respecté le fait de le laisser s’exprimer sur ses émotions, de le laisser pleurer si nécessaire, surtout face/après un traumatisme, etc., sans tourner ça au ridicule ?

  • Quel est le message que l’on renvoie avec des différences d’âges, parfois d’un autre monde ? Est-ce vraiment sain qu’un vampire ou un fae de 500 ans crushe sur une jeune fille de 17 ans ? De faire sortir un professeur avec son élève ?

  • Comment considère-t-il la femme qui lui parle en ce moment-même ? Attend-t-il quelque chose d’elle et cela conditionne-t-il son comportement envers elle ?

  • La fait-il culpabiliser pour atteindre ses propres buts ?

  • A-t-il d’ailleurs d’autres enjeux qu’une conquête sentimentale et/ou sexuelle ?

  • Comment pourrait-on écrire sa colère et/ou sa tristesse autrement que par la fuite et/ou la destruction ?

  • Est-ce que mon personnage a tendance à tout ramener à lui, même quand le sujet ne le concerne pas ? Quand le protagoniste féminin lui parle de ses doutes ?

  • Se rend-t-il compte lui-même de ses erreurs ou est-on obligé de les lui expliquer ?

  • Met-il en danger une femme, voire son groupe, pour garder sa dignité ? Son secret ? Son impression de virilité ?

  • Que dit-il des autres hommes ? Va-t-il les rabaisser, les humilier ? Quand il le fait, met-il sur le tapis des propos méprisants envers les femmes et les hom*osexuels ? (métier de gonzesse, boisson de PD, courir comme une femmelette, etc.)

  • Est-ce que mon personnage est vraiment sain par désintérêt ou joue-t-il au nice guy ? C’est-à-dire au mec gentil, dans le seul intérêt d’y gagner personnellement ? (des faveurs sexuelles, etc.)

Et voici ce que MOI, personnellement, je veux davantage croiser dans la littérature de l’imaginaire (surtout orientée jeunesse et YA) :

  • Des personnages masculins de toutes morphologies avec une neuro-variété. Petit* (plus petit* que leur moitié féminine !), gros, atteints de maladies chroniques, fluets, solaires, bègues, avec un gros défaut physique, dépressifs, etc., sans que cela ne soit un complexe ou une atteinte à leur masculinité,

  • Des personnages masculins qui demandent le consentement (parce que c’est sexy !),

  • Des personnages masculins qui sont au courant des injonctions qui pèsent sur les femmes, qui connaissent certaines contraintes liées à leur genre, à leur biologie sexuelle, qui se renseignent sur elles (les mecs qui découvrent à 25 ans comment fonctionnent des règles, non merci),

  • Des personnages masculins à l’aise avec les attirances, les sexualités d’autrui, voire qui se questionnent sur les leurs, sans avoir besoin de rabaisser ce qui sort de l’hétéro-normativité, car cela les menacerait,

  • Des personnages masculins qui sont prêts à se connecter à toutes leurs émotions, qui communiquent,

  • Des personnages masculins qui ne sont pas de manière systématique dans la jalousie, l’obsession, la possession, la prise de risques inconsidérés,

  • Des personnages masculins qui prennent des décisions éclairées, en faisant preuve de prudence, de retenue, d’intérêt pour le vécu et les émotions de celles et ceux qui les entourent,

  • Des personnages masculins qui ne poussent pas les femmes et les filles vers leurs injonctions (sois belle, souris un peu…)

  • Des personnages masculins qui sont dans le care, qui prennent soin des autres, de leurs parents, de leurs enfants, de personnes malades, de personnes âgées…

  • Des personnages masculins qui questionnent les comportements des autres hommes, le leur font remarquer,

  • Des personnages masculins qui félicitent la réussite des autres, qui les veulent heureux.ses,

  • Des personnages masculins qui peuvent être victimes eux-mêmes, d’emprise, de manipulation, d’abus, d’agressions sexuelles, qui se battent pour s’en relever, sans que leur traumatisme soit vu comme une faiblesse, une honte, pire comme un comic relief,

  • Des personnages masculins en accord avec leur rôle d’apprenant et d’enseignant au sein d’une masculinité saine. Qui, s’ils souhaitent devenir pères, s’engagent dans ce rôle dans l’intérêt de l’enfant, de son bonheur, de son épanouissem*nt personnel,

  • Des personnages masculins en lien avec les autres, qui respectent les autres, leurs ambitions, qui ne va pas entraver ou rabaisser des enjeux ou des ambitions personnelles par orgueil,

  • Des personnages masculins qui reconnaissent leurs privilèges et qui, s’ils s’en servent, le feront dans l’intérêt des femmes, non pas par besoin de reconnaissance, mais par nécessité de justice.

Bref. Des personnages masculins humains (même si ce sont des tritons ou des faes).

Je sais que beaucoup de personnes, à l’issue de cette lettre, ne seront pas d’accord avec moi. Qu’on est en droit de représenter des hommes victimes des injonctions, parce que c’est ce qu’ils sont, dans notre monde. Parce que les hommes représentent un groupe social dangereux, et qu’on est en droit de reproduire cette réalité. De montrer que les hommes, en tant que groupe, sont des sales types.

Dans un but de dénonciation, je n’y vois pas d’inconvénient, à titre personnel. La romantisation, voire la glamourisation, sans que ça ne soit jamais remis en question, en revanche, me dérange bien davantage. Et là-dessus, certains titres de romantasy et de dark romance flirtent avec les limites…

Par ailleurs, cela conforte un certain cercle vicieux. Les hommes sont mauvais, alors on les représente ainsi ; puisqu’ils n’ont que ce modèle à disposition dans les média, ils seront plus enclins à les suivre et à reproduire des pattern problématiques, puisque “c’est comme ça”, et que ça resterait acceptable… Brisons le cercle. Offrons des modèles. Questionnons les normes genrées. Montrons que le changement est possible plutôt que de livrer une guerre qui n’aura de fin que celle de l’humanité.

Je vous souhaite d’écrire de magnifiques personnages masculins, qui nous fassent nous questionner, qui nous font garder l’espoir de les considérer comme des alliés. Des personnages masculins qui montreraient aux jeunes lectrices qu’il existe des green-flag et qu’on peut éprouver du désir autrement qu’en passant par le physique, la domination et le cynisme rabaissant ; aux jeunes lecteurs qu’il existe des modèles atteignables (et désirables malgré tout) pour devenir des hommes conscients à leur tour. Peut-être par là, ramener un jeune lectorat masculin vers la lecture de romans, un domaine actuellement occupé en grosse majorité par les filles (étude IPSOS). Mais ça, on pourra l’aborder plus largement sur la lettre concernant “l’écriture pour la jeunesse”.

Pour ne pas la manquer, pense à t’abonner !

Plutôt qu’une seule lecture, je vous propose tous les meilleurs supports qui m’ont aidé à alimenter mes propres réflexions sur les masculinités. Podcasts, lectures, visionnages… il y en a pour tous les goûts.

🔎 Pop Culture Detective

Clairement, ma référence. Une chaîne Youtube extrêmement intéressante et intelligente, avec des oeuvres grand public passées au crible des injonctions à la masculinité, et plus largement des questionnements éthiques. Vidéos en anglais : sous-titrage disponible.

Mes épisodes préférés, notamment dans le cadre de cette lettre :

Un podcast par Victoire Tuaillon autour des masculinités contemporaines. Si le format podcast vous enjaille moins, un livre est également sorti.

Quelques épisodes épars :

💖 Le coeur sur la table

Victoire Tuaillon a également sorti une série d’épisodes hors série, intitulés le Coeur sur la Table, qui décortique les mécanismes des relations romantiques au sein de l’hétéronormativité, pour une révolution de l’amour. Pareil, si vous préférez la version livre, elle existe également.

Même si je ne suis pas en accord avec tous les propos de ces contenus, cela reste enrichissant de se pencher sur ces questions pour se construire son propre avis.

📱 Des comptes instagram de qualitay

  • Ross Geller Hate Account, qui dénonce et détricote certains mythes de la masculinité toxique dans les médias populaires, surtout séries,

  • Petite Lecture Inclusive, qui décortique certains ressorts problématiques autour des masculinités et du patriarcat au sein des livres et médias jeunesses,

Avant de conclure cette lettre interminable, mon prochain événement ! Ca sera en ligne, avec le Sommet du Premier Roman, qui aura lieu du 10 au 12 juin, sur les temps de midi et du soir. Vous pourrez assister à de multiples conférences ! Dont la mienne, le lundi 10 juin à 20h, sur le sujet des salons (comment s’organiser quand on fait des événements), en compagnie de Noémie Bourgois et Axelle Colau.

Je vous invite fortement à aller consulter le programme sur leur site internet, je suis certaine que vous y trouverez votre bonheur. Notamment de regarder le pack, actuellement en promotion !

J’espère vous y voir nombreux.ses ! Et d’ici là, portez-vous bien, mes petit* green-flags ! 🟩

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Tu seras un homme, cher personnage (2024)

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Name: Kelle Weber

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Job: Hospitality Director

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Introduction: My name is Kelle Weber, I am a magnificent, enchanting, fair, joyous, light, determined, joyous person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.